Tout ce qui brille n'est pas d'orEl oro no es como lo pintan

Exposition numérique de cinq artistes latino-américains autour de l'Eldorado
Muestra digital de cinco artistas latinoamericanos sobre Eldorado

CommisaireCurador : Santiago Rueda Traduit de l'espagnol (Colombie) par Julie Coupet

Dans la Colombie actuelle, on persiste à chercher l’Eldorado. Des expéditions se sont fourvoyées, des indigènes martyrisés, on a tenté de drainer des lacs. C’est une ruée vers l’or sans fin. Demeure un pays qui a récemment sacrifié ses sommets andins, ainsi que les terres dont dépendent les ressources hydriques, pour les donner aux multinationales minières et qu’elles cessent enfin d’emporter l’or qu'il nous reste. L’Eldorado, davantage qu’une Utopie ou un Eden, est un mythe fondateur du capitalisme, le rêve d’une immense richesse, de l’incommensurable.

À cette occasion j'ai invité, à la demande de la revue Corrientes, trois artistes colombiens et une artiste brésilienne, résidant en Colombie. Tous nous ont fait parvenir une sélection de leurs œuvres, parfois spécialement élaborées pour la revue. C’est le cas de Manuel Barón, Julián Santana et Cristina Ochoa qui ont accepté de nous faire connaître leur point de vue sur l’Eldorado.

En la actual Colombia se buscó Eldorado. Se perdieron expediciones, se martirizó a los indígenas, se intentaron drenar lagos. Esa búsqueda del oro no acaba, nos queda un país que ha entregado recientemente las cumbres andinas y los terrenos de los que dependen sus recursos hídricos a las multinacionales mineras para que acaben de llevarse el oro que queda. Eldorado mas que Utopía o el Edén es un mito fundacional del capitalismo, el sueño de la inmensa riqueza, de lo inconmensurable. Para Corrientes revista he invitado a algunos artistas, tres colombianos, una argentina y una brasilera residente en Colombia, quienes han enviado obras, algunas de ellas preparadas especialmente para la revista -en el caso de Manuel Barón, Julián Santana y Cristina Ochoa- para que nos den a conocer lo que sienten y piensan sobre Eldorado.

Santiago Rueda
Manuel Barón, Los Cazadores del Arca Perdida, video, 1'28", 2013
Manuel Barón, Les Aventuriers de l’Arche perdue, vidéo, 1'28", 2013

Manuel Barón vit à Tunja, ville dont le rôle fut très important lors de la conquête hispanique du territoire colombien. De là, il offre un regard lucide sur la situation latino-américaine au quotidien.

Manuel Baron vive en Tunja, una de las principales ciudades a inicios de la Colonia en el territorio colombiano. Desde allí el artista hace certeros comentarios sobre nuestra situación americana desde lo cotidiano.

Julián Santana, Fetish boots, installation vidéo et dispositif photographique, 2013

Ce diptyque, incluant un mode d’emploi, se divise de la façon suivante : 
- Une première image, tirée du film Airwolf, met en avant la main d’un pilote de chasse lançant un missile. 
- La seconde image est celle d’un journal télévisé annonçant la mort de Jorge Briceno, alias el mono Jojoy (le singe Jojoy), chef du Bloc Oriental des FARC, lors d’un bombardement aérien au-dessus de la forêt colombienne, orchestré par l’armée américaine. El mono Jojoy aurait été localisé à l’aide d’une puce électronique incrustée dans ses bottes. 
Cette image évoque clairement le conflit colombien dans toute sa brutalité, ainsi que l'utilisation qui est faite des armes de guerre : 500 tonnes d’explosifs ont été utilisées pour ce bombardement, détruisant la forêt.
Brutalité humaine contre nos semblables et envers la nature, impossible compréhension entre êtres humains, telle est la contre-utopie en terre d’Eldorado.
		

Julián Santana, Fetish boots, instalación fotográfica y video, 2013

Este díptico, que incluye un manual de usuario, se compone de dos imágenes.  La primera de ellas, de la película Airwolf muestra la mano de un piloto de un jet de combate disparando un misil. La segunda es una imagen de un telediario dando la noticia de la muerte del jefe del Bloque Oriental de las FARC, Jorge Briceno, alias El mono Jojoy, en un bombardeo aéreo en las selvas colombianas apoyado por el Ejército de Estados Unidos; supuestamente habría sido localizado gracias a un chip que habrían incrustado en una de sus botas. 
La imagen habla claramente del conflicto colombiano, de su brutalidad, de las 500 toneladas de explosivos que se usaron en este bombardeo destruyendo la selva, y del uso de la tecnología en la guerra. La brutalidad humana destruyendo a sus semejantes y a la naturaleza, la dificultad de entenderse en los seres humanos, La distopía en la tierra de Eldorado.
		
Karen Aune, Lapsus Tropicus, Intervention numérique autour de la description d’un natif se faisant dévorer par un Yateveo, arbre carnivore d´Amérique centrale d’après l’illustration Land and Sea de J.W. Buel, 1887. 2013

Karen Aune est brésilienne et vit en Colombie. Son travail de ces dix dernières années porte sur la fusion de l’organique et du numérique, du biologique et de l’électronique. 

Dans ses récents ouvrages, les plantes carnivores apparaissent telles des ombres un tantinet ténébreuses pouvant gagner du terrain sur l’humanité.
Karen Aune, Lapsus Trópicus, intervención digital sobre la descripción de un nativo siendo devorado por un yateveo, árbol carnívoro de América Central de Land and Sea de J.W. Buel, 1887. 2013

Karen Aune es brasilera y vive en Colombia. Su obra en la última década ha tratado sobre la integración entre lo orgánico y lo digital, lo biológico y lo electrónico. 
En sus trabajos más recientes, las plantas carnívoras han ido apareciendo como una sombra un tanto tenebrosa que la naturaleza puede extender sobre nosotros. 
Cristina Ochoa, Poladorada, variations sur un thème, animation. Dessin sur carton doré perforé. 2013 

Cristina Ochoa s’est appropriée l’icône de Policarpa Salavarrieta, dite La Pola, martyre de l’Indépendance colombienne de 1795-1817, fusillée lors de la reconquête de la Nouvelle-Grenade, en reprenant l’image qui apparaît sur le billet de dix mille pesos colombiens.

Selon l’artiste :

« L’Eldorado et la recherche du paradis m’intéressent en tant que contre-utopie. Je travaille précisément sur le faux brillant…ce qui a de la valeur et ce qui n’en a plus. Mes pièces ont précisément trait à une esthétique de la résistance, comme celles des “Zapatistas con lentejuelas” (les zapatistes à paillettes). Ce sont eux qui m'ont amenée à l’image de La Pola et qui m’ont portée à glamouriser, adapter et réévaluer l’image de la femme révolutionnaire. C'est aussi pourquoi j'ai repris l’image de José María Espinosa, qui apparaît sur le tableau reproduit sur les billets de 10 mille pesos. (...) La Pola perforée sur la planche dorée est une façon d’exploiter doublement l’image de La Pola. Elle nous renvoie à l’image de toujours de La Pola et nous transmet à la fois une image actualisée, lui attribuant une nouvelle signification ».
Cristina Ochoa, Poladorada, variaciones sobre un tema, animación. Dibujo sobre cartón dorado perforado. 2013

Cristina Ochoa se ha apropiado de la imagen de la mártir de la Independencia Policarpa Salavarrieta (1795-1817), ejecutada durante la reconquista española,  tomando la imagen que aparece en el billete de diez mil pesos colombianos.

Según la artista:

“El dorado y la búsqueda del paraíso me interesan como distopía. Vengo trabajando precisamente con el brillo falso. el valor y la ruina en varias piezas, que tienen que ver precisamente con la estética de la resistencia, como las de las zapatistas con lentejuelas. Estas me llevaron a La Pola  pensando en la glamourización / adaptación / revaluación de la imagen de la mujer revolucionaria,  y a tomar la imagen de José María Espinosa, la del cuadro del billete de 10 mil (.....)  La Pola perforada sobre la lámina dorada es un comentario hacia la explotación tanto de la imagen, lo que ésta representó y representa, como un fantasma, algo que se reclama de nuevo para hacer posible su resignificación”

Invitée spéciale : Celina González, Daisy (fragment), bois, fragments, meubles, coupures de presse. 2011

« The mind is its own place, and in itself 
Can make a Heav’n of Hell, a Hell of Heav’n. »

John Milton, Paradise Lost, New York, 1935.
			
Invitada especial: Celina González, Daisy (fragmento), Madera, fragmento, muebles, recortes. 2011

“The mind is its own place, and in itself 
Can make a Heav’n of Hell, a Hell of Heav’n.John Milton, Paradise Lost, New York, 1935.